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christophe guilluy - Page 2

  • « Aucune élection, fût-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne son sentiment sur l'actualité récente, et notamment sur l'irruption d'Eric Zemmour dans la campagne présidentielle.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

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    Alain de Benoist : « Aucune élection, fût-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin »

    Breizh-info.com : Alain de Benoist, tout d’abord, quel regard portez-vous sur l’ascension médiatico-politique d’Eric Zemmour à quelques mois de l’élection présidentielle ? Cette ascension n’est-elle pas le signe de l’échec définitif du Rassemblement national en politique ?

    Alain de Benoist : Toute campagne présidentielle en France a ses coups de théâtre et ses événements imprévus. Cette année, c’est le phénomène Zemmour. Je le regarde avec curiosité – mais aussi avec détachement, tant je reste convaincu qu’aucune élection, fut-elle présidentielle, ne peut créer les conditions de la véritable révolution dont notre peuple a besoin.

    Eric Zemmour est un ami, dont je connais la vaste culture politico-historique et dont j’admire la posture réfractaire et la pugnacité, ce qui ne m’empêche d’être en désaccord avec lui sur des points nombreux (son jacobinisme, sa critique de l’idée d’Empire, son parti-pris sans nuances pour l’assimilation, son hostilité aux prénoms régionaux, pour ne rien dire de la question des « racines chrétiennes »). Son ascension de « presque candidat » a été remarquable, puisqu’il semble être aujourd’hui en mesure d’empêcher Marine Le Pen d’arriver en tête au premier tour, voire de l’empêcher d’être présente au second. Cela dit, à six mois du scrutin, rien n’autorise à faire un pronostic. Zemmour peut très bien continuer à progresser, comme Macron en 2017, ou s’effondrer brusquement, comme Chevènement en 2002.

    Au départ, la candidature Zemmour a été soutenue, d’un côté par des républicains d’accord avec Marine Le Pen sur l’immigration, mais qui trouvent trop extrémistes ses positions en matière sociale, et par une farandole de déçus du Rassemblement national qui lui reprochent au contraire d’avoir excessivement voulu se dédiaboliser au risque de « banaliser » son discours, leur grand objectif étant, non pas d’empêcher la réélection de Macron, mais de « dégager définitivement Marine ». Le problème est évidemment qu’il est difficile de séduire durablement des gens qui trouvent cette dernière trop radicale et d’autres qui trouvent qu’elle ne l’est pas assez…

    Je pense par ailleurs que l’on aurait tort d’enterrer trop vite Marine Le Pen. En dépit de l’état lamentable du RN (mais à une présidentielle, on vote pour une personne, pas pour un parti), elle reste la candidate préférée des classes populaires. Zemmour, tout à son désir de « réinventer le RPR », dit vouloir réconcilier les classes populaires et la « bourgeoisie patriote » (ou fusionner la sociologie de la Manif pour tous et celle des Gilets jaunes), mais pour l’instant il ne touche pratiquement pas les premières, qui le connaissent en outre assez peu. Il l’a indirectement reconnu lorsqu’il a déclaré, le 22 octobre, que « Marine Le Pen n’a pour elle que des classes populaires, elle est enfermée dans une sorte de ghetto ouvrier et chômeur, qui sont des gens tout à fait respectables et importants, mais elle ne touche pas les CSP+ et la bourgeoisie ». Zemmour, lui, connaît surtout du succès auprès des anciens électeurs de Fillon et de Bellamy, des CSP+ et des cathos versaillais, c’est-à-dire auprès de cette petite et moyenne bourgeoisie qui craint pour son avenir et son identité parce qu’elle s’inquiète de son insécurité culturelle, mais très peu d’une insécurité économique qui est au contraire l’une des préoccupations majeures d’une « France périphérique » qui, comme l’a dit Marine Le Pen, « n’acceptera pas d’être sacrifiée à une vision ultralibérale de l’économie ».

    Il y a en fait deux façons bien différentes de concevoir la formation d’un nouveau bloc historique à vocation hégémonique : l’« union des droites » et ce que Christophe Guilluy ou Jérôme Sainte-Marie (Bloc contre bloc, 2019, Bloc populaire, 2021) appellent le « bloc populaire ». La première s’appuie sur un clivage droite-gauche qui n’a plus grand sens aujourd’hui, l’autre sur un rapport de classe qui s’affirme au contraire de plus en plus, au fur et à mesure que diminue le pouvoir d’achat et que se généralise la précarité. Ces deux manières de voir ne sont guère conciliables. A un moment où toutes les institutions qui fabriquaient hier du consentement sont entrées en état de crise systémique, il est difficile de prendre en compte les revendications des classes populaires, confrontées à la fois à la misère sociale et une immigration devenue immaîtrisable, et qui savent très bien que la question de l’identité nationale est indissociable de la question sociale, tout en s’employant à donner des gages aux patrons du CAC 40.

    Attendons donc encore six mois. On saura alors si Zemmour est parvenu à autre chose qu’à faire réélire Macron.

    Breizh-info.com : La politique tyrannique (officiellement sanitaire) mise en place par les autorités françaises se poursuit. La population française, dans sa majorité, semble avoir capitulé, tout du moins accepté, d’être réduite à présenter un code barre et une preuve de vaccination pour dîner en ville, aller au cinéma, etc. La soumission généralisée d’une population est-elle de tendance à vous inquiéter ?

    Alain de Benoist : Vous oubliez quand même qu’au cœur même de l’été dernier, à une période de l’année où aucun syndicat n’a jamais osé organiser une manifestation, on a vu des centaines de milliers de Français défiler semaine après semaine pour protester contre le passe sanitaire. Du jamais vu.

    D’un autre côté – je crois que nous en avons déjà parlé – il est clair qu’un grand nombre de gens sont prêts à abandonner leurs libertés quand ils croient leur sécurité ou leur santé menacée. La peur est le moteur premier de la servitude volontaire. Mais ce que vous interprétez en termes de soumission peut aussi s’interpréter en termes de résilience ou de pouvoir d’adaptation, sans que cela empêche la colère de gronder. La soumission généralisée, personnellement, je la verrais plutôt dans l’acceptation par les masses d’un système capitaliste qui est en passe de les déposséder de leur humanité.

    Breizh-info.com : Vous avez publié récemment « Survivre à la désinformation », livre qui compile et reprend vos entretiens donnés à Nicolas Gauthier sur le site « Boulevard Voltaire ». Comment s’informer correctement dans une société ouverte qui produit de l’information à chaque seconde ?

    Alain de Benoist : Il y a évidemment des sources d’information qui sont meilleures que d’autres. Inutile d’en faire l’énumération (Breizh-Info y aurait bien sûr sa place). Mais l’important n’est pas tant de savoir quelle quantité d’informations on absorbe que de savoir en évaluer l’importance. Le drame est que les médias actuels, du fait même de leur structure, interdisent de plus en plus de hiérarchiser les informations, et surtout d’en comprendre le sens et la portée. Montrer que les événements susceptibles d’avoir une véritable portée historique ne sont pas nécessairement (et sont même rarement) ceux dont on parle le plus est précisément l’un des objectifs de ce recueil.

    Breizh-info.com : Finalement, quelle différence peut-on faire entre la personne sous-informée – c’est-à-dire celle qui ne regarde que le JT de 20 h ou ne lit que quelques extraits d’un quotidien régional – et la personne qui a la tête dans l’information toute la journée, à ne plus pouvoir prendre du recul dessus ?

    Alain de Benoist : En fin de compte aucune. La première ne sait pas grand-chose, la seconde a entendu parler de tout mais n’y comprend rien. L’excès d’informations est parfaitement équivalent à l’absence d’informations, du fait d’un phénomène de contre-productivité dont Ivan Illich a donné bien d’autres exemples.

    Breizh-info.com : Pour s’élever un peu et évoquer l’Europe et son avenir, comment analysez-vous les offensives de plus en plus violentes des commissaires de Bruxelles vis-à-vis des pays d’Europe centrale, Pologne et Hongrie en tête ? Pensez-vous que l’Union européenne puisse possiblement exploser, ou se scinder en deux ?

    La Commission de Bruxelles ne supporte pas ce qu’elle présente invariablement comme des « atteintes à l’Etat de droit ». Cela n’a rien d’étonnant, puisqu’elle est l’un des vecteurs d’une idéologie dominante qui voit dans l’Etat de droit un moyen de soumettre le politique à l’autorité des juges et la souveraineté populaire à la morale des « droits de l’homme ». Les pays de l’Est, de leur côté, ont découvert que le « monde libre » qui les avait fait rêver à l’époque communiste est d’autant moins un exemple à suivre qu’il peut aussi constituer une menace. Dans la polémique que vous évoquez, la Pologne et la Hongrie ne sont pas isolées puisque le 7 octobre, pas moins de douze pays-membres (Autriche, Bulgarie, Chypre, Danemark, Estonie, Grèce, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) ont tenté de faire adopter un texte visant à ce que la Commission finance la construction de murs ou de clôtures de barbelés aux frontières extérieures de l’Union. Cette demande a bien entendu été rejetée, mais elle n’en reste pas moins significative.

    On pourrait certes voir dans le groupe de Visegrád l’amorce d’une « autre Europe ». C’est un espoir raisonnable, mais il ne faut pas se dissimuler que les pays qui en font partie sont loin d’être d’accord sur tout. En matière de politique étrangère, par exemple, la Pologne continue de s’aligner aveuglément sur les États-Unis et professe une russophobie que la Hongrie ne partage pas. Il ne faut pas oublier non plus que la Pologne a beaucoup à perdre dans une épreuve de force avec l’Union européenne, car elle est actuellement la principale bénéficiaire des fonds européens. Plus qu’à une explosion, j’ai tendance à croire à une implosion de l’UE qui aboutirait à une dislocation de fait.

    Breizh-info.com : En France, dans cette hypothèse, nous nous retrouverions alors sans doute dans le camp occidental… c’est-à-dire pas franchement le camp des défenseurs de l’Europe civilisation… Que faire alors demain pour maintenir les ponts fondamentaux ?

    Alain de Benoist : Le risque de se retrouver dans le « camp occidental » me semble surtout considérable dans le bras de fer qui oppose actuellement Washington et Pékin, et qui pourrait très bien aboutir un jour ou l’autre à un conflit armé entre une hyperpuissance américaine déclinante et une puissance montante chinoise qui ne cesse de s’affirmer. Les Etats-Unis manœuvrent déjà pour reconstituer contre la Chine une « coalition occidentale » semblable à celle qui visait à contenir l’Union soviétique à l’époque de la guerre froide. En cas de guerre, la plus grande erreur pour les Européens consisterait à s’aligner sur Washington, au lieu d’adopter pour le moins une attitude de neutralité. L’Europe n’a pas vocation à faire la guerre aux Chinois !

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-info, 27 octobre 2021)

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  • La France des villes moyennes...

    Le Centre d'analyse et de prospective de l'Institut de Sciences Sociales, Economiques et Politiques (ISSEP) vient de publier une étude de Claude Rochet intitulée La France des villes moyennes, une stratégie d'avenir pour les territoires. Professeur des universités et ancien haut fonctionnaire, Claude Rochet est économiste du développement et spécialiste des questions d'intelligence économique.

     

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    " L’opposition entre France des métropoles et France périphérique structure le débat public, au moins implicitement, depuis les travaux de Christophe Guilluy. Elle n’est pas spécifique à la France, mais elle est particulièrement marquée dans notre pays, du fait de la tendance des dirigeants français à copier les modes, en particulier celles venues d’outre-Atlantique. Car la politique de « métropolisation » a une histoire, nord-américaine au départ. Nos politiques ont voulu, depuis 2014, « œuvrer au redressement économique du pays » en restructurant le territoire français à partir de 22 métropoles. Le conflit des Gilets Jaunes a fait ressortir sous une lumière crue, s’il en était besoin, l’inefficacité d’une telle politique.
     
    Dans cette étude, Claude Rochet nous montre que la théorie du développement par les métropoles est non seulement profondément remise en cause aux États-Unis, mais qu’elle est également démentie par l’économie de l’innovation et du développement. Il est temps de remettre les villes petites et moyennes au centre du tableau. L’histoire des dynamiques urbaines, mais aussi le contexte de la révolution numérique montre qu’elles fournissent le cadre le plus favorable à l’innovation et au développement. Elles répondent mieux aux enjeux économiques et énergétiques du moment, en permettant une cohésion entre villes et territoire.
     
    Cette étude s’appuie sur de multiples réussites de terrain. Commencer à mailler la France des 150 villes moyennes, c’est sortir de l’opposition, politiquement et socialement destructrice, entre métropoles et périphérie."
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  • La revue de presse d'un esprit libre... (50)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    Aussi radicales peuvent-elles être, les propositions de Bruno Mégret sont sans doute les seules qui puissent répondre aux défis que nous affrontons, mais qui osera renverser les tables de la loi ? :

    https://www.polemia.com/la-proposition-choc-de-bruno-megret-un-etat-dexception-pour-sauver-la-france/

     
    Analyse des populismes par Ahmet Insel, sociologue franco-turc qui participa dès l’origine aux travaux du Mauss (mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales) : 
     
     
    Un débat intéressant entre deux complices. Éric Zemmour et Michel Onfray échangent leurs arguments à propos de la controverse sur jacobinisme et girondisme, quelle leçon tirer des écrits de Tocqueville, le pape a-t-il laisser choir l’Europe de ses préoccupations ? La réponse à cette dernière question est oui pour chacun d’entre eux qui ne se privent pas d’étriller le pontife François. Pour les deux débatteurs on ne tient plus notre  territoire et nous sommes devenus des proies. Une conviction commune : nous allons droit vers la guerre civile etc… Mais ce qui peut éventuellement deranger dans les propos d’Éric Zemmour c’est sa propension à croire que la France ne fut grande que lorsqu’elle manifestait son impérialisme en s’annexant Hambourg et Milan. Ces aventures finirent en désastre pour la « grande nation », infligeant à son hubris une mémorable leçon qui de toutes évidences n’a pas été retenue par tous :
     
     
    Jean-Marc Jancovici reçu par Pascal Boniface, président de l’IFRI, sur les multiples enjeux de la question climatique. 25 minutes passionnantes:
     
     
    Christophe Guilluy vient de faire paraitre un nouveau livre, Le temps des gens ordinaires (éditions Flammarion). Interrogé à ce propos par la rédaction de Marianne il développe une excellente analyse éclairée par Georges Orwell et Jean-Claude Michéa. Il ne croit plus à l’Union Européenne, ensemble technocratique aux procédures lentes qui ne sait 
    pas répondre aux urgences, comme le démontre sa politique désastreuse en matière de vaccins anti-covid et qui, de plus, poursuit sans coup férir son agenda néo-libéral. Elle se néantise, emportée par la logorrhée de ses abstractions sociétales. Plus fondamentalement il pense que les « gens ordinaires » (une majorité de la population, plus proche du réel 
    par ses activités) ont gagné la bataille idéologique en entrant dans le champ culturel dont ils étaient absents jusqu’à ces dernières années. Mais la lutte, plus coriace, des représentations est loin d’être achevée, nous dit-il : 
     
     
    Portrait d’Andréa Kotarac. Kotarac s’exprime durant 80 minutes sur son parcours politique de la France Insoumise au Rassemblement National. De ses ancêtres serbo-croates jusqu’à sa collaboration avec Hervé Juvin il s’explique longuement dans une série qu’il inaugure pour la revue Éléments. Dans ses commentaires il y a de nombreux points communs avec les réflexions de Christophe Guilluy (ci-dessus). Une convergence des luttes est-elle possible ? :
     
     
    Alain Juillet, ancien directeur du renseignement de la DGSE et spécialiste en intelligence économique s’exprime sur la géopolitique des vaccins qui a montré le fiasco de l’Union Européenne et de la France en particulier. L’obsession pour les grands laboratoires pharmaceutiques de faire gagner le plus d’argent possible à leurs actionnaires explique les délocalisations de leur appareil productif et le quasi-abandon de leur recherche. La patrie de Pasteur en est ainsi réduite à quémander fébrilement  des doses de vaccins qu’elle n’a ni conçus ni même négociés, léguant le pouvoir commercial aux instances bruxelloises cornaquées par l’Allemagne. Alain Juillet dresse un panorama plutôt sombre d’un avenir dessinant une nette séparation entre pays résilients car souverains et nations qui acceptent leur impuissance au nom d’un libéralisme mondialisé :
     
     
    Dans un livre qui vient de paraitre intitulé Pour répondre aux « Décoloniaux » aux Islamo-gauchistes et aux Terroristes de la RepentanceBernard Lugan utilise la manière forte et assène au gourdin quelques vérités bénéfiques que les esprits arthritiques happés par l’épidémie de nouillerie politiquement correct n’entendront pas sans pousser de hauts cris d’effroi. Ici son entretien avec Breizh-info :
     
     
    Bernard Lugan récidive; cette fois sur un tout autre sujet : le rôle de l’armée française au Mali. Il explique que conseillés par l’université française qui ne veut pas entendre parler d’ethnies en Afrique nos dirigeants se trompent sur les trois guerres que nous menons la bas. Il propose dans un souci de réalisme de changer notre fusil d’épaule et de contraindre le gouvernement malien à reconnaitre au moins une large autonomie aux Touaregs du nord pour s’occuper de nos véritables ennemis, l’Etat islamique qui prospère dans la région des trois frontières. Excellent exposé : 
     
     
    Fusillade dans le Colorado (10 morts). L’événement a été repris par toute la presse nationale à la suite du fake news de l’Agence France Presse qui signalait que le responsable de cette tuerie était un « blanc ». Sauf que dans la réalité le blanc s’appelle Ahmad Al-Issa et qu’il est syrien. Depuis les médias se taisent. Le démenti, comme d’habitude viendra trop tard et n’occupera qu’une faible partie de l’info. Sans doute ne faisait-il plus la une par crainte que des esprits mal intentionnés ne pratiquent l'amalgame ! 
    L’année dernière en revanche le meurtre a Charlottesville d’une seule personne par un « suprémaciste blanc » avait déclenché des tonnes de commentaires et d’éditoriaux dans les médias occidentaux. Peut-on parler du deux poids deux mesures d’un antiracisme devenu fou ? :
     
     
    Ci-dessous un texte approprié à cette même tuerie. Il est signé de Jonathan Sturel et insiste sur la névrose qui s’est emparée de nombreux blancs américains :
    " La tuerie de Boulder est pleine d'enseignements.
    Quelques recherches sur ce fameux comté de Boulder dans le Colorado, où dix Blancs viennent d'être massacrés par un syrien anti-Trump et pro-Daesh. Le comté en question est un repère de bourgeois démocrates : le prix de l'immobilier y est très supérieur à la moyenne américaine et c'est politiquement un bastion démocrate. D'ailleurs, ils ont récemment voté pour Biden à... 77%.
    Sur le site officiel du comté, on fait la promotion de l'inclusivité, de l'antiracisme, de l'esprit woke : il y a même une politique de promotion et d'augmentation de la visibilité des LGBT. Boulder, c'est Paris : des bourgeois blancs qui votent comme des gauchistes pour des équipes qui promeuvent ensuite les trans et les migrants.
    Et puis paf, la tuile : un syrien anti-Trump vient rappeler à Boulder que la vie n'est pas un épisode de South Park. L'ironie, c'est que le tueur partageait avec ses victimes le même rejet de Trump. Peut-être qu'ils se sont croisés au dépouillement et ont fêté ensemble la défaite du grand méchant Blond. D'une certaine manière, cette tuerie c'est un règlement de compte familial.
    Et bien entendu, ces fous dirigeront le débat sur la question des armes, jamais sur celle de l'affaissement des défenses occidentales, du migrantisme, du multiculturalisme et de la guerre discrète que livrent au monde occidental les armées révoltées d'un tiers-monde chauffé à blanc par le discours pousse-au-crime des gauchistes fous."
    Jonathan Sturel
     
    L’OJIM traite également de cette affaire exemplaire et de son narratif sous un titre d’une grande limpidité : « Les médias de grand chemin mentent ». Vraiment surprenant ! De nombreux médias ont usé par le passé de fables diverses selon leur engagement politique ou économique. Ce qui caractérise le monde médiatique d’aujourd'hui c’est son 
    uniformité dans la désinformation qui s’opère toujours au nom du camp du Bien. Ce qui autorise à parler d’un « parti des médias » qui s’emploie à manipuler l’opinion publique et entraine par la même une défiance grandissante vis à vis de ce qui s’y raconte. La perte en chiffre d’affaire générée par cette duperie doit alors être compensée par des aides gouvernementales qui s’accroissent chaque année :
     
     
    D’où le succès des chaînes d’information alternatives dont l’audience est en progrès constant comme le montre cet autre article de l’OJIM :
     
     
    Le journaliste Pierre Plottu est une icône de l’antifascisme militant et un spécialiste de l’architecture des fausses fenêtres. Non content de poursuivre des fantômes, il en invente presque chaque jour de nouveaux mais omet d’en mentionner d’autres bien réels ceux là. Portrait de cet authentique semeur de haine par l’OJIM :
     
     
    Marion Maréchal invitée de Frédéric Taddeï sur RT France sur le thème « de la politique à la métapolitique » a développé intelligemment durant une heure les raisons de son engagement. Il en ressort le portrait d’une jeune femme plus complexe que ne le laisse penser sa réduction à l’étiquette « identitaire-libérale » à laquelle on a trop tendance à la réduire :
     
     
    Dans l’émission Répliques du 20 mars 2021 Alain Finkielkaut recevait Eugénie Bastié et Jean Birnbaum. Ce dernier y déclare « …cette ambiance de pré-guerre civile où tout esprit critique est rabattu sur de la malveillance, de l’attaque, de l’agressivité, et je pense qu’en partie il y a de la peur, de la peur presque physique, on sent bien que quelque chose de très dur se déploie à l’échelle du monde, on sent bien que ça va barder. J’aime cette formule de Bernanos, écrivain chrétien : « Notre monde est prêt pour toutes sortes de cruautés ». Singulière affirmation de la part du responsable idées du Monde. Le thème de l’émission pose la question « Y a-t-il place pour le nuance dans la France aujourd’hui ? » Et serait-on tentés de s’interroger : y a-t-il place pour la moindre tentative de débat, c’est à dire de controverse civilisée ? :
     
     
    Dans une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer Jean-Paul Brighelli lui notifie qu’il serait temps d’interdire l’UNEF au prétexte qu’elle organise des réunions dont elle interdit la présence aux non-racisés, c’est à dire aux blancs. Cela fait effectivement désordre dans une République qui non contente de ne pas reconnaitre l’existence de races poursuit de ses flèches toute parole ou action supposée « raciste ». Dans la même missive Brighelli reconnait, un peu présomptueusement, que le syndicat étudiant ne représente rien, sinon sa propre personne. Dans ces conditions à quoi bon l’interdire ? Sans doute suffirait-il de lui couper les vivres qu’il continue de recevoir en abondance de diverses institutions qui se prétendent républicaines. Brighelli plus sérieusement constate que l’UNEF est devenue une annexe du Parti des Indigènes de la République dont il propose également l’interdiction. Tout à sa logique républicaine il ne semble pas s’apercevoir que toutes ces sensibilités sont justement nées des lois de cette République manipulées par le Conseil d’État et autres juridictions, à commencer par la loi Pleven de 1972, qui ont donné à des associations, elles aussi dépendantes de l’aide publique et qu’il faudrait assécher, la possibilité d’arnaquer légalement les opposants raisonnables à une immigration devenue sacro-sainte en même temps qu’elle devenait pléthorique. L’interdiction faite aux autochtones de la contester n’est elle pas scandaleuse ? N’est-il pas révoltant de convertir en délit de simples opinions et d’encourager leur poursuite par de véritables chasse aux sorcières ? N’est-ce pas une privatisation de l’esprit public au bénéfice de quelques-uns ? Non à l’interdiction de l’UNEF mais non également à celle de Génération Identitaire, telle serait une véritable législation « libérale ». Nous en sommes loin :
     
     
    Yves Thréard éditorialiste au Figaro sur l’évolution du discours de l’UNEF, la couveuse du parti socialiste où se sont formés la plupart de ses dirigeants :
     
     
    Information. L’excellent site de l’OJIM migre son site outre-atlantique de manière à se protéger des attaques liberticides : 
     
     
    Réponse goguenarde de Poutine, grand seigneur, à Biden après que celui-ci l’a traité de « tueur », une pratique sidérante et digne d’un psychopathe dans le cadre des relations internationales. Quitte à décevoir l’ensemble du monde politico-médiatique français posons nous la question de savoir quelle est le résultat de cette véritable provocation de la nouvelle administration US sinon d'avoir poussé un peu plus la Russie et la Chine dans les bras l’une de l'autre :
     
     
    Selon le général Vincent Desportes « plus le parapluie américain est une chimère, plus les Européens s’y accrochent ». Cette déploration trouve sa logique dans le fait que les Américains qui décident des grandes orientations de l’Alliance Atlantique ont choisi comme au temps de la guerre froide un ennemi prioritaire : la Russie. Une Europe totalement vassalisée, véritable caniche des intérêts américains suit sans se poser la moindre question. Bonne analyse d’Alain de Benoist :
     
     
    Le Cercle de Réflexion Interarmées répond à l’OTAN et s’étonne de la désignation de la Russie comme ennemi principal :
     
     
    Il se trouve que justement le dernier numéro d’I-Media s’attache longuement au dirigeant en titre de l’Empire, Joe Biden le trébucheur. Jean-Yves Le Gallou et Nicolas Faure le décrivent à juste titre comme pratiquement sénile. Mais l’on sait bien que ce n’est pas lui qui dirige les États Unis d’Amérique (et la diplomatie géo-stratégique des États européens, hélas) :
     
     
    Roland Pietrini réalise une bonne synthèse sur la chimère que poursuit Macron au risque de brader notre industrie de défense. Ici la chimère a nom « Europe de la défense » projet sans cesse déjouée par une Allemagne qui a irrémédiablement choisi d’être serve de l’OTAN et donc des États Unis :
     
     
    Y a-t-il un nomos du beau ? Réponse par Jure Georges Vujic :
     
     
    Remarquable mise au point généalogique de la folie « woke » et décoloniale par le sociologue Philippe d’Iribarne. Selon lui elle doit tout à l’occident et à l’évolution de sa pensée dominante grosse de dérives inattendues :
    " Que nous réserve l’avenir ? On peut douter que cet affrontement idéologique soit moins pérenne que celui qui s’est noué autour du rêve communiste.
    Un retour au réel impliquerait que ce qui relève d’une fausse science soit scruté avec la même rigueur que celle qui est déployée quand il s’agit d’impostures scientifiques au service d’intérêts privés. Mais cette rigueur ne paraît pas pour demain. Et qui est prêt à admettre que la folie « woke » est un enfant monstrueux de promesses radicales propres à l’Occident, promesses impossibles à tenir à l’échelle d’une ou deux générations et qui méritent d’être reconsidérées avec plus de réalisme ? "
     
     
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  • Christophe Guilluy et le temps des gens ordinaires...

    Le 26 novembre 2020, dans son émission « Interdit d'interdire », sur RT France, Frédéric Taddeï recevait Christophe Guilluy pour évoquer son essai Le temps des gens ordinaires (Flammarion, 2020). Géographe, Christophe Guilluy est l'auteur d'essais importants et très commentés, Fractures françaises (Flammarion, 2010), La France périphérique (Flammarion, 2014), Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016) et No society (Flammarion, 2018).

     

                                         

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  • Le temps des gens ordinaires ?...

    Les éditions Flammarion viennent de publier un essai de Christophe Guilluy intitulé Le temps des gens ordinaires. Géographe, Christophe Guilluy est l'auteur d'essais importants et très commentés, Fractures françaises (Flammarion, 2010), La France périphérique (Flammarion, 2014), Le crépuscule de la France d'en haut (Flammarion, 2016) et No society (Flammarion, 2018).

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    " A la une du New York Times habillés d'un gilet jaune, poursuivis par les journalistes britanniques à l'occasion du Brexit, fêtés comme des héros pendant la crise sanitaire, redevenus des sujets d'études pour les chercheurs, de nouvelles cibles du marketing électoral pour les partis, les gens ordinaires sont de retour. Les " classes populaires ", le " peuple ", les " petites gens " sont subitement passés de l'ombre à la lumière. Les " déplorables " sont devenus des " héros ". Cette renaissance déborde désormais des cadres du social et du politique pour atteindre le champ culturel. De Hollywood aux rayons des librairies, la culture populaire gagne du terrain. Ses valeurs traditionnelles, - l'attachement à un territoire et à la nation, la solidarité et la préservation d'un capital culturel - imprègnent tous les milieux populaires. Jack London usait d'une métaphore pour décrire la société de son temps : la cave et le rez-de-chaussée pour les plus modestes, le salon et les étages supérieurs pour les autres. Et si, aujourd'hui, plus personne ne voulait s'inviter au salon ? Sommes-nous entrés dans le temps des gens ordinaires ? "

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  • « No Society » : le constat implacable de Christophe Guilluy...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Grégoire Gambier consacré aux positions défendues par le géographe Christophe Guilluy dans son livre No Society (Flammarion, 2018) et cueilli sur Polémia. Grégoire Gambier est délégué général de l'Institut Iliade.

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    « No Society » : le constat implacable de Christophe Guilluy

    L’édition en format poche de No Society – La fin de la classe moyenne occidentale, enrichie d’un avant-propos consacré au phénomène des Gilets jaunes, est l’une des lectures les plus indispensables du moment. Le géographe Christophe Guilluy y propose une forme de synthèse de ses analyses, bien moins manichéennes que ne le voudraient ses détracteurs. Cet ouvrage constitue sans conteste l’un des livres de chevet de tout responsable « populiste » ayant à cœur d’offrir une perspective politique victorieuse au « Bloc populaire ».

    Partant de la fameuse formule de Margaret Thatcher en octobre 1987, « There is no society », qui entendait ainsi justifier le bien fondé de ses réformes libérales, Christophe Guilluy déroule une analyse que l’on pourrait résumer en quelques points saillants :

    • Ce message libéral donc par essence apolitique, porté par une vision mondialiste devenue idéologie, dont la portée s’est accélérée après la chute du Mur de Berlin et la disparition du bloc soviétique, a été entendu par l’ensemble des classes dominantes occidentales.
    • Sa conséquence immédiate ? La « grande sécession du monde d’en haut »d’avec ses peuples et ses pays originels, qu’avait analysé dès 1995 Christopher Lasch dans La Révolte des élites et la trahison de la démocratie(Champs Flammarion, 2010) et que rappelle très bien le président de TV Libertés Philippe Milliau dans son message du nouvel an 2020.
    • Les conséquences concrètes que nous subissons aujourd’hui, après trente ans de nouvelle « trahison des élites », sont l’abandon du bien commun et l’avènement du chaos de la « société relative » caractéristiques des pays occidentaux – « la réalité d’une société désormais travaillée par des tensions ethno-raciales qui rappellent en tout point celles de la société américaine ».
    • « La rupture du lien, y compris conflictuel, entre le haut et le bas, nous a fait basculer dans l’a-société. No more society.» Le sacrifice volontaire, sur l’autel de la mondialisation, des classes moyennes autrefois matrices des sociétés occidentales, a débouché sur la prolétarisation, l’atomisation et finalement la désespérance du « bloc central » constitué du peuple au travail – l’échec du mouvement des Gilets jaunes ne pouvant qu’accentuer cette désespérance sociale, avec des risques évidents pour le maintien de toute « paix civile ».

    Dès lors, comment « refaire société » – c’est-à-dire en réalité refaire un peuple, avec un territoire, des coutumes et des lois qu’il aurait en propre ? C’est à cette réhabilitation du politique qu’appelle Guilluy, avec la pertinence qu’impose la tournure des événements, légitimant en grande partie ses analyses antérieures (notamment dans La France périphérique en 2014 et Le crépuscule de la France d'en haut en 2016), malgré les limites de quelques-unes de ses références par trop crypto-chevènementistes.

    Phénoménologie de la « société ouverte »

    La partie principale de l’ouvrage de Christophe Guilluy est relative au constat de la société produite par l’avènement de l’idéologie multiculturaliste et « diversitaire » (cf. Mathieu-Bock Côté, Le multiculturalisme comme religion politique, Les éditions du Cerf, 2016). Idéologiquement progressiste, multiculturelle et techno-marchande, la « France d’en haut » a promu cette forme de post-démocratie (car réalisée sans le consentement du peuple souverain, et en lui retirant l’essentiel de ses prérogatives politiques, avant de le faire disparaître économiquement puis socialement), avec d’autant plus d’entrain qu’elle a su se préserver des externalités négatives d’un tel « modèle » (ghettos ethniques, effondrement du système éducatif, chômage structurel et massif, explosion de la criminalité de rue, etc.). Et ce, en utilisant cyniquement le lumpenprolétariat immigré à son profit :

    • pour répondre à ses besoins de services dans les métropoles constituant ses lieux de vie privilégiés (ménage, cuisine, garde d’enfants, transports, traitement et recyclage des déchets, etc.) ;
    • mais aussi pour contenir voire délégitimer les revendications salariales ou simplement sociales de l’ancienne « working class » autochtone, accusée au moindre prétexte de racisme, pour ne pas dire de bêtise crasse (les « déplorables » dénoncés par Hillary Clinton en visant les électeurs de son opposant républicain en 2016) – technique permettant « le verrouillage du débat public » afin d’écraser dans l’œuf toute velléité de révolte.

    Ce que décrit Guilluy, c’est « le repli d’une bourgeoisie asociale » : « En réalité, la société ouverte et mondialisée est bien celle du repli du monde d’en haut sur ses bastions, ses emplois, ses richesses. Abritée dans ses citadelles, la bourgeoisie ‘progressiste’ du XXIe siècle a mis le peuple à distance et n’entend plus prendre en charge ses besoins. L’objectif est désormais de jouir des bienfaits de la mondialisation sans contraintes nationales, sociales, fiscales, culturelles…. Et peut-être, demain, biologiques » [en pariant sur la révolution de l’intelligence artificielle et le transhumanisme].

    Une nouvelle lutte des classes ?

    A l’impasse que constitue cette « a-société » par nature centrifuge, quand elle n’est pas sécessionniste, répond le besoin de « commun » d’un peuple certes relégué aux marges géographiques, culturelles et économiques de la société, mais toujours majoritaire : la « France périphérique » représenterait 60 % de la population, constituant « un socle populaire irrépressible ». Mieux, toujours selon Christophe Guilluy, cette population majoritaire se penserait encore, malgré sa prolétarisation accélérée, comme « référent culturel » d’une France qui ne voudrait pas mourir, car disposant d’un socle de valeurs cohérent et fédérateur :

    • La nécessité de préserver le cadre national « qui conditionne la défense du bien commun » et qui comprend celle des services publics ;
    • L’attachement à « la réalité d’un monde populaire sédentaire beaucoup plus durable » que le « mythe de l’hyper-mobilité » ;
    • « La préservation d’un capital culturel protecteur [face] à la construction d’un monde de l’indistinction culturelle » ;
    • Et finalement, mais de façon très concrète et palpable, le refus instinctif de l’invasion migratoire, qui déstabilise la société populaire et en modifie les contours ethniques comme les attaches culturelles.

    Même s’il s’en défend, Guilluy voit ainsi se dessiner une nouvelle lutte des classes entre les « gagnants » et les « perdants » de la mondialisation, les premiers constituant « une bourgeoisie dont le seul objectif est de maintenir sa position de classe » et les seconds regroupant ceux « qui adhèrent de moins en moins à la doxa de la société ouverte » – mais qui bénéficieraient aujourd’hui d’un mouvement de balancier favorable.

    L’analyse est d’autant plus convaincante qu’elle rejoint les dichotomies mises à jour aussi bien par David Goodhart entre « Anywhere » et « Somewhere » (The Road to Somewhere : The Populiste Revolt and the Future of Politics, 2018), par Michel Geoffroy entre « super-classe mondiale » et « peuples » (La super-classe mondiale contre les peuples, Via Romana 2018), par Jérôme Sainte-Marie entre « bloc élitaire » et « bloc populaire » (Bloc contre bloc : La dynamique du Macronisme, Les éditions du Cerf 2019), ou encore très récemment par Michel Onfray entre « ceux qui exercent le pouvoir » et « ceux sur lesquels s’exerce le pouvoir » (La Grandeur du petit peuple, Albin Michel 2020).

    Eviter le spectre de la « guerre civile »

    Pour Guilluy, « les classes dominantes ont créé les conditions de leur impuissance à réguler, à protéger (…) par une dépendance accrue au système bancaire et aux normes supranationales du modèle mondialisé ». Mais ce faisant, elles se sont engagées dans une « fuite en avant économique » qui les condamne à terme. « La réalité est qu’aujourd’hui la classe dominante cherche moins à préserver la société qu’à gagner du temps (y compris en refusant ou en freinant l’application des résultats des urnes – du référendum européen de 2005 aux élections italiennes de 2018 en passant par le Brexit). » Or le vent tourne : « Croire que le mouvement des Gilets jaunes ou celui des brexiters n’est qu’un phénomène conjoncturel est une absurdité. C’est au contraire le produit d’une recomposition sociale de temps long, qui fait émerger une nouvelle polarisation politique », qui dépasse évidemment le vieux clivage institutionnel droite-gauche. Et ce, au moment même où « la posture morale du monde d’en haut a vécu » : « Le monde politique, académique ou médiatique ânonne les versets de la doxa dominante mais n’a plus qu’une influence culturelle marginale sur le monde d’en bas. »

    En annonçant « la fin du magistère des prétentieux », qui contraindra ces derniers à rejoindre le monde réel ou à disparaître, Christophe Guilluy se montre à la fois optimiste et volontariste. Pour conjurer l’accentuation des fractures sociales, voire un risque de « guerre civile » largement mis en scène et instrumentalisé par le pouvoir, il mise en effet sur la réconciliation de la France d’en haut avec le « môle populaire », en prenant acte de la concomitance de deux « victoires »:

    • Victoire technique, liée à l’essoufflement du modèle économique et sociétal actuel : « L’heure est au développement durable, à la relocalisation des activités, à la baisse de la mobilité, ni par idéologie ni par passéisme, mais simplement parce que les contraintes économiques, écologiques et sociales nous l’imposent » ;
    • Victoire idéologique : confrontés de surcroît à la perte de leur hégémonie politique et culturelle, les « Anywhere » doivent « reprendre le chemin de l’Histoire », celui d’une réintégration démocratique par réconciliation avec les « Somewhere » – « Aidons-les à réintégrer la communauté nationale ! » plaide ainsi Guilluy.

    Tout « populisme » a besoin d’une élite

    Pour atteindre cet objectif, Guilluy ne mise pas seulement sur la bonne volonté du « bloc élitaire ». Il a bien conscience qu’il faut que le « bloc populaire » dispose de sa propre élite, apte à engager un rapport de force qui lui serait favorable : « Aucun processus [révolutionnaire] ne peut émerger sans l’engagement d’une fraction des élites ou de la bourgeoisie en faveur des plus modestes, et donc une volonté de préserver le bien commun ». Dit autrement : « Pas de mouvement de masse, pas de révolution sans alliance de classes ! »

    Cette élite doit notamment garantir la réintégration du « bloc populaire » dans les circuits économiques : « On ne peut prétendre au respect et encore moins à un statut de référent culturel ni à aucun pouvoir politique sans intégration économique ». Ce que les auteurs de la postface au « manuel de guérilla culturelle » publié récemment à La Nouvelle Librairie par François Bousquet (Courage !, 2019), affirment également sans ambiguïté : « L’économie, la bonne économie qui réalise et qui crée, est au fondement, aussi, au même titre que la génétique et la culture, de notre identité européenne. […] Rêvons à un réinvestissement de l’économie par nos forces vives. […] Nous devons lever des armées de chefs d’entreprise soudés et enracinés. »

    Le récent Dictionnaire des populismes (éditions du Cerf, 2019) réalisé sous la direction de Frédéric Rouvillois, Olivier Dard et Christophe Boutin, ne fait pas l’impasse sur ce sujet. Dans un article consacré à l’élitisme, Alexandre Avril s’oppose à l’opposition entre celui-ci et le populisme : « Cette vision simpliste et antagoniste des choses n’est pas celle de la théorie politique classique, qui voit plutôt dans la dualité organique du peuple et de l’élite une division fonctionnelle et non pas concurrentielle ». Et de préciser que « le populisme peut être entendu non comme une simple critique anti-élitiste mais au contraire, comme l’aspiration à restaurer les principes et la fonction classiques de l’élite : celle de former le petit nombre des plus vertueux, qui sont aussi les plus aptes à gouverner et à conduire le peuple dont ils sont indissociables ».

    « Même le populisme a besoin d’un élite », rappelle aussi Pascal Gauchon dans le dernier numéro de la revue Conflits (n°25, janvier-février 2020, « Les yoyos du populisme », p. 70-71) : « Le vrai problème des populistes est leur rapport aux élites. En se contentant de les dénoncer, ils mobilisent, mais se privent de leurs réseaux et de leur savoir-faire ». Car si la preuve a été faite que les populistes peuvent accéder au pouvoir, au moins dans le cadre de coalitions s’agissant du continent européen, « peuvent-ils y rester et agir ? »

    C’est sans doute l’enjeu principal des mois et années à venir. Et ce n’est pas le moindre des intérêts de No Society que de ne pas faire l’impasse sur un sujet aussi essentiel. Car de la capacité du « bloc populaire » à se doter d’une élite, politique, intellectuelle et économique, dépend directement ses perspectives de pouvoir.

    Grégoire Gambier (Polémia, 14 janvier 2020)

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